Signé par Jean-Christian Fauvet et Marc Smia, cet ouvrage invite au jeu des analogies entre jeu de go et management des hommes dans l’entreprise. Sa lecture ne nécessite pas la connaissance préalable des règles associées, bien au contraire même, c’est un bon moyen de s’y initier ! Emblématique pour tous les passionnés de sociodynamique, le jeu de go éclaire les comportements des individus et les enjeux de transformation des entreprises, à plus d’un titre.
Ce jeu nous enseigne avant tout l'art du lien et de la coopération. Le but étant de créer des territoires à l'aide de pierres posées une à une en les reliant peu à peu entre elles, la puissance du joueur naît de sa capacité à jalonner et à connecter. Par analogie, il nous invite à relier des individus entre eux, des actions entre elles, au service d'un projet ou dessein.
Il nous fait comprendre toute l'importance de la vision. Un joueur ne pose pas ses pierres au hasard, même si son but reste flou et contingent aux actions de l'adversaire. Dans le cas contraire, il est très vite débordé par le jeu de l'autre. Par analogie, il nous fait ressentir la nécessité d'avoir une vision (ou dessein) pour donner un sens à l'action, quand bien même les contours de la cible restent imprécis.
Il développe une philosophie de la coexistence. "L'autre" n'est plus un ennemi ou un obstacle à abattre mais plutôt un adversaire avec qui il faut jouer pour construire. Ainsi on ne joue pas contre l'autre mais avec, en dépit ou grâce à l'autre. C'est une manière stimulante et constructive de considérer l'adversité. Et aussi éthique, puisque le go apprend à exister et à faire exister. L'analogie est parlante aussi bien en matière de management vis-à-vis d'opposants à un projet qu'en matière de stratégie commerciale et de jeu concurrentiel.
La pratique du go exerce à déchiffrer la complexité. Un joueur débutant ressent très vite une impression de confusion générale : après une cinquantaine de pierres posées, le damier ne ressemble plus à rien. Les joueurs se lèvent souvent pour regarder la partie de plus haut et visualiser les territoires en formation. La pratique du jeu donne des schémas mentaux qui aident à se représenter la complexité. Le jeu donne aussi une méthode pour agir en stratège (je vois de plus haut, je garde l'initiative, j'anticipe mes coups) et en tacticien (je défends mes positions en local, je relie mes pierres pour construire des territoires imprenables).
Un bon joueur de go, même si le nombre de parties possibles en début de jeu est de 10700, place presque invariablement ses premières pierres près des bords du damier, sur les troisième et quatrième lignes. C'est ainsi qu'il crée des territoires potentiels. Le bord du damier représente le multiple. Par analogie, le go invite un manager à adosser son action sur un dessein (ou vision) exprimant des valeurs partagées par le plus grand nombre (le corps social). Dans cette optique, la troisième ligne figure le management de proximité.
Le go dépayse la pensée. Originaire de Chine et vieux de plus de 2 300 ans avant JC, il tient une place importante dans les sociétés chinoise, coréenne et japonaise. La pratique du go nous fait appréhender la culture asiatique et mieux comprendre notre "adversaire" économique : est-ce que la Chine cherche à étouffer les pays occidentaux ou à jouer avec ? Est-ce que ces derniers sont prêts à jouer avec elle dans la construction d'un nouveau paysage économique mondial ?
Éditions d’organisation - Réédition 2013
Marc Smia
Co-fondateur de Kea & Partners
A lire également : Le Mix-organisation - Livre blanc Kea & Partners - Editions Eyrolles
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